La directive européenne sur la dénonciation : deux ans après

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La directive de l'Union européenne (UE) sur la dénonciation est une initiative législative importante qui vise à renforcer la transparence, l'intégrité et la responsabilité dans les secteurs public et privé des États membres de l'UE.

Au fond, cette directive fournit un cadre complet pour la protection des lanceurs d'alerte, reconnaissant leur rôle essentiel dans la révélation d'activités illégales, de corruption et de diverses autres formes d'actes répréhensibles.

La Commission européenne définit un dénonciateur comme une personne qui signale ou divulgue des informations relatives à une faute au sein de son organisation ou à des autorités extérieures, dans l'intention de prévenir un préjudice à l'intérêt public qui pourrait autrement passer inaperçu.

L'étendue de la protection

La directive européenne étend la protection à un large éventail de personnes, y compris les employés actuels et anciens, les directeurs, les travailleurs temporaires et contractuels, les indépendants, les fournisseurs, les actionnaires et même les candidats à l'emploi. Elle couvre un large éventail de relations, allant des négociations précontractuelles aux personnes qui ont quitté leur poste.

L'une des principales avancées de la directive est l'extension de la protection des dénonciateurs au-delà du secteur public. Elle s'applique désormais aux entreprises privées employant au moins 50 personnes, aux organisations non gouvernementales (ONG) et à d'autres acteurs. En outre, elle protège les personnes qui signalent des infractions au droit communautaire, dans des domaines tels que les services financiers, la protection de l'environnement, la protection des consommateurs et la santé publique.

Influencer les meilleures pratiques

La directive européenne sur la dénonciation a eu un impact profond sur les meilleures pratiques sur le lieu de travail. Il est conseillé aux employeurs de l'UE de se préparer de manière proactive à se conformer à la directive sur la dénonciation. Les étapes clés consistent à suivre les progrès de la mise en œuvre de la directive dans chaque pays de l'UE, à revoir ou à établir des dispositions en matière de dénonciation, et à rationaliser les processus au niveau mondial afin de garantir la cohérence et la transparence.

Les principales actions recommandées sont les suivantes :

  • Suivre les progrès de la mise en œuvre de la directive dans chaque pays de l'UE où l'entreprise opère, en notant les domaines de différenciation.
  • Réviser ou mettre en place des dispositifs de dénonciation afin de fournir des canaux de signalement clairs, couvrant des aspects tels que le signalement externe, les questions à signaler au sens large et les catégories de signaleurs élargies.
  • Envisager de regrouper plusieurs lignes d'assistance téléphonique au sein d'un centre d'échange d'informations afin d'obtenir des données complètes.
  • Configurer les lignes téléphoniques/automatiques pour répondre aux exigences juridictionnelles et aux considérations linguistiques.
  • Contrôler en permanence les relations avec les personnes qui font des signalements, même après avoir résolu leur problème, et tenir des registres à ce sujet.
  • Rationaliser les processus à l'échelle mondiale, avec des variations mineures, afin de faciliter le suivi des mesures et la cohérence des processus.
Transposition de la loi : comment les pays s'en sortent-ils ?

En janvier 2022, la Commission européenne a adressé des mises en demeure à 24 États membres pour transposition et communication inadéquates des mesures relatives à la directive. En juillet 2022, des avis motivés ont été envoyés à 15 États membres, et quatre autres les ont reçus en septembre 2022 en raison d'une transposition incomplète. Cette réponse insatisfaisante de la part de huit États membres a incité la Commission à porter l'affaire devant la Cour de justice de l'Union européenne.

En février 2023, la Commission européenne a pris des mesures décisives à l'encontre de huit États membres de l'UE (Allemagne, Estonie, Pologne, Espagne, Italie, Luxembourg, Hongrie et Tchécoslovaquie) qui n'avaient pas transposé la directive européenne sur la dénonciation (directive UE 2019/1937) en droit national. Malgré la date limite du 17 décembre 2021 pour la mise en conformité, certains pays ont pris du retard. Alors que certains pays ont accueilli la directive avec éloges et critiques, d'autres ont rencontré des difficultés pour se conformer à ses dispositions.

En septembre 2023, tous les États membres de l'UE, à l'exception de deux d'entre eux, auront adopté une législation conforme à la directive européenne sur la dénonciation (la Pologne et l'Estonie ont pris du retard dans la transposition de cette législation dans leur droit national, mais l'Estonie a récemment progressé dans l'élaboration de son projet).

La Commission européenne a démontré sa volonté de sanctionner les États qui ne se conforment pas à la nouvelle législation. Cela a incité à prendre des mesures décisives et à faire passer dans la législation des lois sur la dénonciation. Le succès a été variable d'un État membre à l'autre, et nombre de ces lois, bien que techniquement conformes, ont fait l'objet d'un examen plus approfondi lors de leur adoption.

Études de cas

La loi espagnole sur la dénonciation :

La loi espagnole, promulguée en février 2023, a suscité à la fois des éloges et des controverses. Si l'article 7.3 autorise les dénonciations anonymes par voie interne, garantissant ainsi la protection des dénonciateurs, certaines dispositions ont suscité des inquiétudes. Le délai de trois mois pour la résolution des plaintes peut s'avérer inadéquat pour les cas complexes, ce qui risque d'entraver les enquêtes approfondies. En outre, l'obligation d'informer immédiatement le ministère public a été critiquée parce qu'elle risque de porter atteinte aux droits des personnes et de transformer les canaux de dénonciation en relais pour les procureurs.

Éloge de la loi espagnole sur la dénonciation :

  • Protection des dénonciations anonymes : La loi garantit la sécurité des dénonciateurs grâce à la protection de l'anonymat.
  • Transparence et responsabilité : Elle encourage la communication d'informations pour lutter contre la corruption et promouvoir la transparence.
  • Signalement immédiat aux procureurs : L'obligation de signaler rapidement toute activité criminelle potentielle renforce l'application de la loi.

Critiques de la loi espagnole sur la dénonciation :

  • Délai de résolution court : Les cas complexes peuvent nécessiter plus de temps que prévu.
  • Préoccupations potentielles en matière de protection de la vie privée : Les exigences en matière de rapports pourraient porter atteinte au droit de garder le silence.
  • Rôle du procureur : Les critiques y voient un moyen pour les procureurs d'accéder à des informations potentiellement incriminantes.

La loi irlandaise sur la dénonciation :

L'Irlande a adopté de nouvelles lois sur la protection des dénonciateurs en 2022, ce qui lui a valu à la fois des éloges et des critiques. Ces lois s'alignent sur les normes de l'UE, garantissant la clarté, des garanties plus solides et de meilleures procédures de suivi.

Louanges :

  • Conformité avec la directive européenne : Démontre l'engagement de l'Irlande à respecter les normes de l'UE en matière de protection des dénonciateurs.
  • Canaux de signalement internes et externes : Offre aux dénonciateurs la possibilité de conserver l'anonymat.
  • Infractions pénales : L'introduction de sanctions s'aligne sur les exigences de l'UE, en mettant l'accent sur l'application de la loi.
  • Transparence : Les personnes prescrites doivent fournir des informations claires sur leur rôle, ce qui renforce la transparence.

Critiques :

  • Effet dissuasif : La criminalisation des fausses déclarations peut décourager les dénonciateurs.
  • Retard dans la mise en œuvre : Promulguée plus d'un an après la date limite, les dénonciateurs ne sont pas protégés.
  • Affaiblissement des protections : Inquiétudes quant à l'affaiblissement indirect des dispositions légales.

La loi polonaise sur la dénonciation :

 La loi polonaise s'aligne sur la directive européenne relative aux dénonciateurs d'actes répréhensibles et fournit un cadre juridique complet, mais elle a fait l'objet de critiques en raison d'ambiguïtés et de lacunes potentielles.

Louange :

  • Alignement sur la directive européenne : Cadre juridique complet aligné sur les normes de l'UE.
  • Champ d'application élargi : Couvre les infractions à la législation nationale et diverses catégories de travailleurs.
  • Protection des dénonciateurs : Offre des protections aux dénonciateurs qui rapportent des informations concernant l'intérêt public.

Critiques :

  • Ambiguïté du champ d'application : Certains reprochent au champ d'application matériel de ne pas couvrir toutes les violations de la loi.
  • Critères vagues : Inquiétudes quant à la subjectivité du critère "préoccupations d'intérêt public".
  • Absence de mesures provisoires : Aucune mesure provisoire n'est prévue pour les dénonciateurs pendant les procédures judiciaires.

La loi française sur la dénonciation :

Les nouvelles lois françaises sur la dénonciation ont reçu un accueil mitigé, avec des félicitations pour le renforcement du rôle du Défenseur des droits, mais des inquiétudes quant à la longueur du délai d'avis et à l'absence de sanctions en cas de non-respect de la loi.

Louanges :

  • Renforcement du rôle de défenseur des droits : Des orientations claires sont fournies aux dénonciateurs.
  • Certification officielle : Elle offre une reconnaissance et une protection juridiques aux dénonciateurs.
  • Soutien aux dénonciateurs : La création d'un poste d'adjoint chargé de soutenir les dénonciateurs permet de remédier aux contraintes en matière de ressources.
  • Reconnaissance de l'information et du conseil : Un soutien complet a été fourni.

Critiques :

  • Délai d'avis trop long : La période d'attente de six mois suscite des inquiétudes.
  • Absence de sanctions : L'absence de sanctions pour les organisations qui ne mettent pas en place des systèmes de rapports internes peut nuire à l'efficacité.
Conclusion

La transposition de la directive européenne sur la dénonciation dans le droit national a suscité des réactions diverses dans les États membres de l'UE. Si certains ont pris des mesures pour favoriser la transparence et la protection des dénonciateurs, d'autres sont confrontés à des défis et à des controverses. Trouver un équilibre entre le besoin de transparence, de responsabilité et de protection des dénonciateurs et les préoccupations concernant les abus potentiels et les effets dissuasifs reste une tâche complexe qui nécessite une évaluation et un examen continus. Le chemin vers une protection solide des lanceurs d'alerte et des cultures éthiques dans les organisations se poursuit à travers l'Europe.


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